IA : aïe ou ouiiiii ?

Ce que j’ai compris de l’IA

Il y a plusieurs types d’Intelligence Artificielle. D’abord, les antivirus utilisent l’IA basée sur les anomalies pour détecter un comportement étrange sur un ordinateur (et ainsi suspecter la présence d’un virus). Il y a aussi l’IA prédictive utilisée sur les marchés financiers. Ensuite, la médecine utilise l’IA décisionnelle lors des examens (pour détecter qu’il y a peut-être un problème sur votre IRM). Et enfin l’IA générative ; c’est de celle-ci dont on ne fait que parler depuis quelques mois ; elle est capable de produire du contenu : du texte, du code, des images…

Mais qu’est-ce que l’intelligence ? On trouve plusieurs définitions dans le Petit Robert 2022 ¹. Voilà l’une d’entre elles :

Aptitude (d’un être vivant) à s’adapter à des situations nouvelles, à découvrir des solutions aux difficultés qu’il rencontre.

Les IA sont artificielles, mais n’ont rien d’intelligent ; elles cherchent seulement à imiter l’intelligence. Ce qui n’est déjà pas mal me direz-vous. ²

En fait — je simplifie —, les IA sont des boîtes noires ³, des systèmes qui ont été entraînés sur de grosses quantités d’exemples. Ces entraînements successifs produisent des paramètres affinés à chaque itération. (Dans le cas de l’IA générative, quand je parle de paramètres, je parle de milliards de paramètres, voire même de billions ⁴ de paramètres !) Pour utiliser la boîte noire, on lui soumet un cas, elle utilise ses paramètres et produit le résultat le plus raisonnable. Il s’agit donc d’un choix statistique.

Il y a tellement de paramètres que nous, les humains, nous ne pouvons pas comprendre comment l’IA a obtenu son résultat ⁵ . Et puisque l’IA produit un résultat pondéré (le meilleur ou le moins mauvais), elle commet des erreurs.

Des nombres avec beaucoup de zéros

Comment en sommes-nous arrivés là ? Il y eut l’ordinateur, puis le réseau, et donc Internet, suivi de la mise en ligne d’une grosse quantité de données (textes et images), enfin, l’évolution des performances des ordinateurs (les fermes de serveurs) et paf, voilà l’IA. (Ici aussi, je simplifie, hein.)

C’est qu’il en faut des serveurs pour entraîner les IA et les utiliser. L’entraînement de ChatGPT 3 aurait coûté 12 millions de dollars. Et le faire fonctionner coûterait 700 000 dollars chaque jour . (Les versions suivantes seraient plus coûteuses encore.)

Ces chiffres vous donnent le tournis ? Ce n’est pas fini. Sam Altman, le patron d’OpenAI (ChatGPT) voudrait lever 7 000 milliards de dollars (6 400 milliards d’euros). 6 400 milliards ! Pour information, dans son budget 2023 , la France prévoyait de dépenser 480 milliards d’euros. Vous savez, pour les écoles, la santé, la justice, la culture, etc.

L’IA peut faire peur

Pour alimenter toutes ces fermes de serveurs, il faut beaucoup d’énergie, et pour les refroidir, des quantités phénoménales d’eau, eau qui nous manque de plus en plus… La vitesse à laquelle progresse cette technologie, très très vite, me semble sans rapport avec le temps politique, à une époque où notre monde est loin d’être apaisé…

Quand les réseaux sociaux sont arrivés, on pouvait penser que c’était une bonne chose, qu’ils permettraient de faire du lien entre les gens, que cela aiderait les démocraties… (Ne riez pas, c’est vrai !) On voit aujourd’hui ce qu’il est advenu : l’inverse, avec des entreprises privées qui ont accès aux données personnelles de milliards de personnes, des entités qui n’ont que pour seul but que de faire l’argent, qui vous brossent dans le sens du poil, simplement pour que vous restiez sur une page agrémentée de publicités ciblées…

Allons-nous vivre la même chose avec l’IA ? Nos sociétés n’ont-elles pas besoin aujourd’hui de plus de dignité ⁶ , d’empathie ?
Moi qui adore le cinéma, j’imagine un futur où quand je voudrai regarder un film (ou une série ou bien lire un livre, écouter de la musique), plutôt que de choisir dans le programme de la semaine, il faudra que je demande à une machine de générer ce que je pense vouloir voir. Est-ce ce dont j’ai envie ? (Je vous réponds de suite : non.)
Etc.

Mais l’IA pourrait être bien

Je me projette.

Après avoir frôlé la catastrophe, le monde s’est repris. Et en particulier, l’Europe.

Plutôt que de subir l’IA, ses membres ont décidé de la voir comme un progrès. Une organisation internationale a été mise en place en vue de la mettre au service de l’être humain ; une présidence tournante a été mise en place et des citoyens font partie de la direction.

Ce ne sont plus les entreprises privées qui contrôlent l’IA, mais cette organisation. On met en place un cycle vertueux. Ainsi, le temps de travail hebdomadaire a pu être réduit, tout comme les écarts de salaires. Beaucoup de métiers dits intellectuels ont été remplacés tandis que la demande autour des métiers manuels n’a jamais été aussi forte. Le monde a ralenti, l’argent a perdu de sa valeur, les gens se sont rapprochés.

Pour alimenter les IA, des actions favorisent la création de contenus, aussi les budgets des ministères de la Culture ont explosé.

P.-S. Cerise sur le gâteau, des solutions trouvées limitent l’impact écologique des IA (d’autres moyens pour refroidir les machines par exemple). Et ces avancées techniques ont bénéficié aux autres industries…

Etc.

À nous de jouer

Alors l’IA : aïe ou ouiiiii ⁷? L’IA est une technologie comme les autres. Et comme on dit, on n’arrête pas le progrès. De mon point de vue, le problème n’est pas la technologie, mais de savoir ce que l’on va en faire. À nous de jouer.

Vous voulez en savoir plus ? Contactez-nous  : nous serons ravis d’échanger.

JY. Jourdain

Cofondateur de J2S